Compte rendu de l’audience entre la délégation CFDT et les représentants de l’État – 07 octobre 2024
Le lundi 07 octobre 2024 s’est tenue une audience en préfecture de la Martinique entre la délégation de la CFDT, composée de Paul-Emile BEAUSOLEIL (Secrétaire général), Louis-Michel AGLAE, Patrick BELLAY, Fulbert CINA, Manuela LANISTA et Éric VIVIES, et une délégation des représentants de l’État, composée de Nicole BOISFER, Secrétaire générale déléguée aux affaires régionales, Marc SOLINHAC, Chef de bureau de la réglementation économique à la préfecture, Yannick De COMTOIS, représentant la DEETS (Direction de l'Économie, de l'Emploi, du Travail et des Solidarités), et Jocelyne MUDAY, Directrice de la légalité et des affaires locales de la préfecture.
1. Ouverture de la réunion
En préambule, Paul-Emile BEAUSOLEIL, Secrétaire général de la CFDT Martinique, a rappelé que la CFDT est un syndicat de dialogue et de construction, engagé depuis de nombreuses années dans la défense des droits des travailleurs et la lutte contre les inégalités. Il a mis en avant le non-respect des conventions collectives nationales en Martinique, citant en particulier le secteur de la boulangerie. À cet effet, la CFDT a demandé la mise en place d’un plan d’actions concrètes pour pallier ce problème et faire respecter les droits des travailleurs locaux.
2. Situation agricole en Martinique
La CFD a également souligné la grave diminution des exploitations agricoles en Martinique, avec une baisse de 19 % au cours des 10 dernières années ; les difficultés que rencontrent les jeunes agriculteurs pour s’installer. Cette situation alarmante doit être rapidement redressée pour garantir une production agricole locale suffisante et diversifiée. « Aujourd’hui 80% de denrées sont importées »
3. Observatoire des prix et mesures économiques
La CFDT a interrogé l’État sur l’Observatoire des prix, mis en place après 2009, en demandant des précisions quant aux suivis effectués, aux évaluations des mesures prises et aux impacts réels sur la population martiniquaise. Le syndicat a regretté la disparition de l'Observatoire du dialogue social et réitéré l'importance de la transparence dans la gestion des prix en Martinique.
4. Demande d’une grande conférence sociale
Le Secrétaire général de la CFDT a insisté sur la nécessité d’instituer une grande conférence sociale biannuelle incluant le préfet et les organisations syndicales, afin de suivre les sujets sociétaux sensibles et de prendre des décisions collectives. Ce mécanisme permettrait d’anticiper les crises majeures et de trouver des solutions durables aux problématiques économiques et sociales, notamment liées à la vie chère.
5. Réponses des représentants de l’État
Yannick De COMTOIS, représentant la DEETS, a expliqué que les prix fixés par les distributeurs sont libres, et que la DEETS intervient à travers son pôle concurrence pour vérifier la conformité des prix pratiqués avec ceux annoncés en rayon et en caisse. En 2022, 1 234 produits ont été soumis à des mesures de vérification dans le cadre du Bouclier Qualité Prix (BQP). La DEETS a précisé qu’elle mène des actions visant à favoriser la baisse de la TVA et de l’octroi de mer, et à étudier des fonds de compensation pour soutenir le pouvoir d’achat des Martiniquais.
Concernant la problématique des conventions collectives nationales, la DEETS a confirmé son engagement à travailler sur l’actualisation des conventions, notamment dans des secteurs comme la boulangerie, dont les textes datent des années 1970. Des travaux sont également en cours pour réformer le secteur de la sécurité et du gardiennage.
6. Transparence des prix et alternatives à la grande distribution
La CFDT a réaffirmé ses doutes quant à l’efficacité des mesures concernant la baisse des prix sur 54 familles de produits, craignant une répétition des échecs de 2009. La CFDT a souligné que, malgré les efforts de l'État et de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), il est crucial de développer des circuits alimentaires à prix coûtant, hors des canaux de la grande distribution, en raison de la liberté de fixation des prix par ces acteurs.
La DEETS a pris acte de cette demande et a informé qu'elle travaille sur la mise en place d'un Bouclier Qualité Prix pour les pièces automobiles, avec des discussions prévues entre l'État et les distributeurs.
Conclusion
La CFDT a réitéré sa demande pour l’institutionnalisation d’une grande conférence sociale annuelle afin de traiter les sujets sensibles en concertation avec l'État. Le syndicat appelle également à des actions concrètes pour la mise en place de circuits de distribution alimentaire à prix coûtant, une gestion sociale et solidaire de l'approvisionnement en produits de première nécessité. Les deux délégations se sont accordées sur l’importance de renforcer le dialogue social et de garantir un suivi régulier des mesures prises pour lutter contre la vie chère en Martinique.