La CFDT Martinique réclame une conférence sociale pour sortir de la crise
Depuis maintenant presque trois mois, les mobilisations contre la vie chère se succèdent sur l’île. Un protocole d’objectifs et de moyens « lutte contre la vie chère » a été signé le 16 octobre entre l’Etat et les représentants des employeurs. Une étape loin d’être suffisante pour la CFDT Martinique qui appelle à un vrai dialogue social.
Un premier pas dans la bonne direction… mais peu mieux faire. Si le protocole d’objectifs et de moyens « lutte contre la vie chère » entre l’Etat, la collectivité territoriale de Martinique, les organisations d’employeurs et les représentants de la grande distribution est une nouvelle positive, la CFDT Martinique apporte de la nuance. Absents de marque des invités à la table des discussions, les organisations syndicales. Un état de fait que déplore Paul-Emile Beausoleil, le secrétaire général de la CFDT Martinique. « Nous avons été totalement exclus des discussions, alors que nous avons des propositions concrètes pour lutter contre la vie chère et la pauvreté ». Parmi celles-ci, le blocage des prix sur les produits de première nécessité, le renforcement du rôle de l’État à travers les observatoires des prix pour effectuer davantage de contrôles et sanctionner les abus ou encore une refonde de la fiscalité. Elle revendique également une politique volontariste sur les salaires.
Un protocole qui réduit les inégalités, mais qui ne les supprime pas.
Si l’accord, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2025, répond en partie aux revendications de la CFDT Martinique, celui-ci ne va pas assez loin. « Surtout, il n’est pas contraignant et rien ne garantit qu’il ne soit suivi d’effets », déplore Paul-Emile Beausoleil. En théorie, l’accord devrait entrainer une baisse des prix sur plus de 6 000 produits. Parmi les 28 engagements des signataires, la mise en place par l’Etat d’une TVA à taux nul sur une assiette de 69 familles de produits, l’engagement des hypermarchés à ne pas réaliser de marge excessive sur l’ensemble des produits alimentaires. L’accord prévoit également de favoriser la production locale. Bien que superbement ignoré, la CFDT Martinique saura rappeler à chacun des signataires les engagements qui ont été pris. Elle veillera à mettre chacun des acteurs devant ses responsabilités.
Par ailleurs, même s’il était suivi d’effets, ce texte ne résoudrait pas pour autant les disparités de prix qui peuvent exister entre la Martinique et la métropole, nuance la CFDT Martinique. Le protocole ne dit d’ailleurs pas autre chose. « Pour un panier de produits dont le différentiel de prix moyen avec l’hexagone est de 40 %, cette baisse de prix ramènera le différentiel de prix moyen à 12 % ».
En finir avec les inégalités
Pour Paul-Emile Beausoleil, il faut aller plus loin que les bonnes intentions. Il y a urgence. Comme le rappelait l’INSEE dans une étude d’octobre 2023, ce sont ainsi 44 300 ménages martiniquais qui se situent sous le seuil de pauvreté, soit 27 % de la population régionale (14,4 % en métropole) et 32 % des enfants. « Nous estimons que c’est tout le modèle économique des territoires ultramarins qui doit être revu. Les inégalités par rapport à la métropole ne sont pas acceptables ».
Pour Paul-Emile Beausoleil, il existe une voie pour sortir de la crise et du cycle de violences que condamne avec force, la CFDT Martinique. « Les dérives consistant à détruire des entreprises de Martiniquais comme des pharmacies ou des cabinets médicaux ou simplement en empêchant des Martiniquais à se rendre à leur boulot ou des élèves à l’école ».
Cette voie de sortie, c’est celle d’un dialogue social de qualité et apaisé. « La Martinique brûle. Il est temps que l’Etat prenne des dispositions pour mettre en place une Conférence sociale avec l’ensemble des acteurs. Celle-ci devra déboucher sur des mesures concrètes, et contraignantes ».